juin 2018 : Le Film Français
LA CONSOMMATION ILLÉGALE DE VIDÉOS SUR INTERNET RESTE À UN NIVEAU TRÈS ÉLEVÉ EN FRANCE
Ciné/TV : le piratage concerne encore 26% des internautes
Une étude menée par Médiamétrie, l’Alpa et le CNC fait notamment apparaître que le streaming est devenu le protocole le plus utilisé. Et un focus a été réalisé pour la première fois sur le live streaming impactant les retransmissions sportives.
92% des foyers hexagonaux sont équipés d’un écran digital, près de 52 millions de Français étant connectés à Internet. Le nombre d’internautes pirates est estimé à 12 millions. Un chiffre conséquent, mais qui est le plus faible depuis le début de telles études. Il a ainsi diminué de 2 millions en deux ans, baisse liée aux actions judiciaires entreprises dernièrement.
Le profil du pirate est plutôt masculin, jeune, actif et Francilien, le streaming étant devenu le protocole le plus utilisé. Au niveau des contenus, plus de la moitié des titres piratés sont américains (54%) et près de la moitié des séries piratées sont disponibles sur les chaînes gratuites (44%). Le sport, et notamment le football, est de plus en plus impacté, le piratage représentant à présent de 10% à 20% des audiences TV selon les contenus.
Autre enseignement, la concentration de la piraterie. En dépit de la multiplication des offres et des sites, celle-ci reste très concentrée. Les 2 000 sites étudiés par l’Alpa font ressortir un top 20, concentrant plus de 80% de la consommation totale. Et plus de la moitié des internautes pirates accède à des contenus illégaux à partir de seulement cinq sites. Même chose chez les utilisateurs : 14% représentent à eux-seuls 45% de la consommation.
Nouveau sujet d’étude, le live streaming est de plus en plus utilisé pour visionner les programmes de sport et surtout le football, ce qui explique une forte saisonnalité liée notamment à l’absence d’événements en juin et juillet. Si le référencement par les moteurs de recherche tend à baisser, il est malheureusement remplacé avantageusement par les réseaux sociaux.
Téléchargement et streaming ont atteint tous les deux le même volume, soit 372 millions de vidéos en 2017. Le protocole de téléchargement DDL (Direct Download) a connu son plus bas niveau de fréquentation depuis le lancement de l’étude en 2010, tandis que le P2P (Peer-to-Peer) augmentait en début d’année. Une hausse directement liée au transfert des internautes du protocole DDL au P2P à la suite de la fermeture du site Zone-telechargement.com qui réunissait chaque mois plus de 4 millions d’internautes. Tout comme pour le streaming, le téléchargement illégal reste très concentré, le top 10 des sites en P2P concentrant 93% des utilisateurs.
Si la majorité des films regardés illégalement sont américains (54%), le cinéma français est aussi très impacté, représentant 17% de la consommation. Et tous les genres sont concernés, du fantastique au drame, en passant par le thriller, l’animation, l’action ou encore la comédie. Près de la moitié des séries consommées illégalement sur internet (44%) sont disponibles sur les chaînes gratuites. Le prix de l’abonnement ou du paiement à l’acte ne semble donc pas, dans ce cas précis, être un facteur déterminant de consommation illégale. C’est l’accès quasi immédiat au contenu qui semble ici privilégié par les utilisateurs.
Phénomène en hausse, ou du moins analysé depuis peu de temps, le visionnage illégal de retransmissions sportives en live streaming. Le suivi d’un club français dans la plus grande compétition de football peut ainsi générer jusqu’à 332 000 piratages. La proportion illégale varie entre 10% et 20% de l’audience légale en fonction des performances TV. Cette consommation concerne essentiellement le football mais d’autres événements comme le rugby peuvent générer également près de 150 000 piratages.
Patrice Carré
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